Je suis Camille Moreau, maman et ancienne nounou, et je vois chaque jour combien le temps d'écran peut être un sujet délicat entre parents, nounous et enfants de 2 à 5 ans. Cet âge est crucial : l'enfant découvre le langage, l'autonomie, les relations sociales et a besoin d'activités variées. Limiter les écrans ne signifie pas interdire à tout prix, mais poser des cadres clairs et bienveillants pour éviter les conflits quotidiens. Voici ce que j'applique et que je propose aux familles avec lesquelles je travaille.

Pourquoi limiter le temps d'écran chez les 2‑5 ans ?

Avant de poser des règles, j'explique toujours pourquoi c'est important. Les écrans peuvent :

  • réduire le temps consacré aux interactions directes (langage, jeux symboliques) ;
  • perturber le sommeil si consommés avant la sieste ou le coucher ;
  • favoriser l'immobilité et diminuer l'activité physique ;
  • donner un accès à des contenus inadaptés malgré les intentions (même sur YouTube Kids, les recommandations peuvent surprendre).
  • À cet âge, la qualité de l'échange humain prime : un livre partagé, une activité manuelle ou un jeu libre sont souvent bien plus riches pour le développement.

    Poser un cadre simple et partagé

    Les tensions viennent souvent d'incohérences entre adultes ou d'un cadre flou. J'encourage la mise en place d'une charte familiale (ou nounou‑parents) claire et courte, signée symboliquement par l'enfant si possible.

  • Définir les moments "écran" (après le goûter, jamais avant la sieste ou le dîner, par exemple).
  • Fixer une durée maximale par jour : pour les 2‑5 ans, l'OMS et les pédiatres recommandent de très limiter l'écran ; je préconise souvent 15–30 minutes par jour d'écran dirigé selon la situation familiale.
  • Préciser les contenus autorisés (applications éducatives, livres audio, dessins animés choisis ensemble) et ceux interdits.
  • Une fois le cadre établi, veillez à l'appliquer partout : à la maison, chez la nounou, chez les grands‑parents. La cohérence réduit les négociations.

    Techniques concrètes pour éviter les conflits

    Voici des outils pratiques qui ont marché pour moi et les familles que j'accompagne :

  • Annoncez la fin à l'avance : dites "Encore 5 minutes" et utilisez un minuteur visuel. Les tout‑petits se repèrent mieux avec une image qui diminue (comme un sablier visuel ou l'application "Time Timer").
  • Proposez une alternative immédiate : ne dites pas seulement "non", mais proposez "On range la tablette et on fait un puzzle ensemble".
  • Routines et rituels : remplacez l'écran du matin par un rituel calme (lecture, chansons). Le soir, installez une routine sans écran 1h avant le coucher.
  • Utilisez la technique du choix limité : "Tu veux la tablette après le goûter ou après le dessin ?" L'enfant se sent maître sans tout décider.
  • Renforcez positivement : remarquez et félicitez quand l'enfant accepte la transition sans crise.
  • Préparez un plan B pour les jours difficiles : un panier d'activités rapides (coloriages, pâte à modeler, petites voitures) à sortir quand l'écran n'est pas possible.
  • Outils numériques utiles (et comment les utiliser)

    Il existe des outils pour vous aider sans devenir un "policier numérique".

  • Apple Screen Time / Google Family Link : permettent de définir des plages horaires, limiter certaines applications et envoyer des alertes. Je les utilise pour bloquer les écrans après 20h ou limiter YouTube aux contenus présélectionnés.
  • YouTube Kids : utile mais à surveiller ; préférez le mode "sélectionné" et activez le contrôle parent.
  • Applications d'activités : "Toca Boca", "Pango" ou "Montessori Tot" pour des activités courtes et sans publicités intrusives.
  • Mon conseil : testez ces outils avant de les imposer, montrez à l'enfant comment ça marche et expliquez que c'est pour son bien‑être.

    Remplacer l'écran par des activités attractives

    Un écran retire l'attention, mais on peut la capter autrement si l'alternative est suffisamment engageante. Voici des idées rapides :

  • Coin lecture cosy avec peluches ;
  • Atelier peinture ou tampons sur table protégée ;
  • Chasse au trésor intérieure (indices simples) ;
  • Jeux symboliques : maison de poupées, cuisine, déguisements ;
  • Jeux de motricité : parcours de tapis, lancer d'anneaux, bulles de savon (les enfants aiment beaucoup) ;
  • Musique et danse : playlists courtes, maracas homemade.
  • Souvent, en tant qu'adulte, il suffit d'être présent quelques minutes au début de l'activité pour que l'enfant reste concentré.

    Exemples de phrases à utiliser (calmes et cohérentes)

    Voici des formulations qui évitent l'affrontement :

  • "La tablette s'arrête dans 5 minutes, puis on lit une histoire ensemble." (Annonce + transition)
  • "Je comprends que tu veuilles continuer, mais c'est l'heure du bain maintenant. Tu peux choisir ton jouet de bain." (Validation + choix)
  • "On a dit qu'on utilisait la tablette seulement après le goûter. Tu peux la regarder tout à l'heure." (Rappel du cadre)
  • Rester ferme mais chaleureux est la clé. Si vous montrez de l'assurance, l'enfant se cale plus facilement.

    Un exemple de journée type sans écran excessif

    HeureActivité
    7h–8hRéveil, petit‑déjeuner, moment calme (lecture ou chansons)
    9h–10hSortie ou activité motrice (parc, jeu libre)
    10h30Temps d'écran court et dirigé si prévu (ex. 15 min d'une application éducative)
    12hDéjeuner, temps calme
    13h–15hSieste / repos
    16hGoûter, activité créative
    17hJeu libre ou sortie
    19hDîner, puis rituel sans écran (bain, histoire)

    Quand l'écran reste nécessaire : quelques règles

    Il y a des jours où l'écran est pratique (voyage, rendez‑vous). Dans ces cas :

  • Privilégiez les contenus choisis à l'avance et sans publicités ;
  • Limitez la durée et restaurez le cadre dès que possible ;
  • Convertissez l'écran en moment partagé : regarder ensemble un dessin animé et en parler après renforce la compréhension et le lien.
  • Et si l'enfant fait une crise ?

    Les émotions sont normales. Voici comment je recommande de réagir :

  • Restez calme et posez des mots sur l'émotion ("Je vois que tu es très en colère").
  • Ne cédez pas sous la pression, mais proposez une alternative apaisante (câlin, respiration guidée, lire un livre).)
  • S'il y a des crises répétées, repensez le cadre : peut‑être que l'enfant n'a pas assez d'activités adaptées à son âge ou qu'il y a trop de passages écran dans la journée.
  • La bienveillance est essentielle : punir l'enfant pour un désarroi émotionnel ne résout pas la cause.

    Si vous voulez, je peux vous envoyer un modèle de charte familiale à personnaliser ou une liste d'activités rapides selon l'âge de votre enfant. Dites‑moi l'âge exact et votre contexte (nounou, parents qui travaillent, week‑end), et je vous prépare quelque chose de concret.